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Pour évoquer la richesse infinie des significations d'une oeuvre, Borges aime à rappeler Scot Erigène, qui les compare à la magique irisation des plumes du paon.J'aurais souhaité, Amour de lecteur, que ce livre ressemblât à ce plumage quasi fabuleux.Ton oeil exercé aurait pu y discerner la cruelle couleur du sang qui coule des plaies de Prévert, le rose de la pierre romaine qui dore les textes de Ponge, le vert de l'herbe qui jamais ne flétrit dans l'oeuvre de Jaccottet, le jaune substantiel qui colore les livres de Quignard ou encore l'éclat stellaire d'une peau qui sert de guide à Desnos égaré dans ses nuits, - sans compter toutes les couleurs que Kijno rassemble, et qui, pou...
On pourrait aisément imaginer un Traité du savoir penser comme il existe des Traités de savoir-vivre. L'auteur de ce livre a choisi d'explorer les mauvaises manières de la pensée que la littérature, généreusement, accueille : penser à des riens, penser sans produire de pensées, pensée qui s'affole de la multiplicité des possibles et qui bute sur des contradictions insurmontables, et même mauvaises pensées que l'écrivain s'acharne à penser cependant. Au philosophe qui enchaîne des idées claires en une démonstration efficace, ce livre substitue, entre rire et pathologie, un portrait de l'écrivain en monomaniaque titubant, hanté par l'incorrigible manie de penser. Nathalie Barberger est maître de conférences en littérature française à l'Université de Lille 3. Elle est notamment l'auteur de Michel Leiris, l'écriture du deuil, et Le Réel de traviole, publiés aux Presses Universitaires du Septentrion.
Dessin à regarder de traviole, le titre d'Artaud formule un étrange mode d'emploi, tout comme sa définition du lecteur de poésie - lire l'œuvre d'un poète c'est avant tout lire au travers - restitue à la lecture une étrange valeur d'usage. Ecrire, lire, dessiner, penser, regarder de traviole, au travers, là serait l'unique chance pour que le réel advienne, dans la décomposition et l'ouverture des formes, le renoncement à l'identité, la violence faite au langage, le refus de tout système fabricateur de réalité. A partir de la revue Documents qui fut dirigée, par Georges Bataille, c'est l'exigence et le travail du réel que ce livre tente d'explorer. Ou comment la littérature, la peinture, la pensée critique, en fustigeant l'ancienne attitude esthétique qui n'aurait été qu'escamotage, mensonge et sérieux métaphysique, s'acharnent à déstabiliser les codes de perception et à faire voir le réel, inventent un tout autre réalisme.
La Règle du jeu de Michel Leiris et les textes qui la prolongent témoignent, alors même que le mythe du sujet s'est effondré, d'une interminable " fin de partie ". Autobiographie intempestive, l'entreprise de Leiris permet de cerner ces deuils successifs dont la modernité garde la trace, tandis que l'autobiographe devient la figure d'un descendant à jamais endetté qui porte en lui de très exigeants fantômes.
Que Barthes soit un moraliste relève d'une évidence. En suivant le continu moral du discontinu formel, en dessinant un cheminement dans la diversité formel, en dessinant un cheminement dans la diversité de l'œuvre, ce livre se propose de donner corps à une impression première. " Ethique ", terme moins compromis, en reste au plan des principes sans ouvrir forcément sur des préoccupations concrètes. " Morale " permet de placer au premier plan un " je ", sujet complexe et fluctuant, qui se demande à partir de sa propre expérience d'homme, de lecteur et d'écrivain " comment vivre ensemble " (titre du premier cours de Barthes au Collège de France). La question très pratique du " qu...
Quel est donc le salaud qui bat les cartes à ma place se surprend à marmotter entre ses dents Joë Bousquet alors qu'il vient une fois encore, dans le demi-jour ou les demi-ténèbres de sa chambre, d'échouer à faire ce qu'on appelle parfois une réussite mais qu'on serait mieux avisé ici d'appeler patience. Car il a beau recommencer - à chaque fois remettant symboliquement sa vie en jeu -, les cartes se disposent dans un ordre exactement contraire "à la bonne marche du coup", et la partie s'interrompt. Il y a certes de quoi désespérer. Rien pourtant de désespéré chez Joë Bousquet qui continue, non sans malice, à provoquer l'étrange, le diabolique adversaire qui, à tous les c...
Alors que "L'Hérésiaque et Cie" était encore fortement marqué par de nombreuses allusions aux oeuvres de Maupassant, de Flaubert, de Marcel Schwob, plus rien de tel n'apparaît dans son second recueil de contes : "Le poète assassiné" : l'auteur "apollinarise".
Explore la pensée affirmative et libératrice de Giono, à partir du "Cycle du hussard" et des "Chroniques", dans une optique deleuzienne. Résistant aux passions tristes selon Spinoza, il raffine des stratégies pour se tenir à distance du nihilisme. Sont étudiés sa recherche éthique, son intérêt pour la philosophie extrême-orientale, la prééminence d'une pensée de l'impermanence.
Albert Camus est né le 7 novembre 1913. Le 4 janvier 1960, il disparaissait dans un accident de la route. À peine le cinquantième anniversaire de sa mort a-t-il été commémoré qu'il faut célébrer le centenaire de sa naissance. Entre ces deux dates, toute une vie tout aussi normale, naturelle et quotidienne que n’importe quelle autre vie. Mais également, alors que pris par leur train quotidien d’autres que lui n’ont pas le temps de s’étonner de la vie, l’extraordinaire courage d’un homme, qui est celui du condamné à mort marchant jusqu’au lieu de l’exécution, à dénoncer jour après jour l’horreur de l’existence quotidienne et de son agitation, de la justice ...