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Dans cette terre étrangère il m'était impossible de photographier; dès que je sortais mon appareil j'étais traversé par les regards. C'était comme des regards-contacts: puissant, déstabilisant. J'étais parti pour neuf mois. Je faisais un stage de fin d'étude dans un institut des langues (une structure mozambicaine): j'enseignais le français à des jeunes d'une vingtaine d'années. Ils vivaient en marge du centre-ville, ils se levaient à cinq heures pour mes cours qui commençaient à sept. Ils me racontaient toutes sortes d'histoires qui me captivaient. Je suis pourtant parvenu à photographier, grâce à un téléphone portable; un vieux téléphone, avec du grain et un temps de latence au déclenchement. En 2011, ce type d'appareil passait inaperçu. Je gagnais en invisibilité. Le grain du téléphone m'est apparu étrangement doux. Je marchais beaucoup. Je photographiais sans cesse. Je ne m'arrêtais quasiment jamais pour cadrer. Je laissais venir et faire dans le mouvement de la marche.