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Nazaré, Portugal. La mer. Un village. Des falaises. Des oiseaux qui tournoient dans le ciel. Des barques posées sur le sable comme de gros insectes endormis. Un homme seul, sur la plage, un homme que l'existence n'a pas épargné, et que la déchéance a peu à peu brisé, un homme qui n'espère plus rien de la vie. Pourtant, au moment où il s'y attend le moins, sa rencontre avec un goéland va modifier le cours de son existence. C'est une histoire dépouillée dans laquelle les protagonistes se font rares, mais où le spirituel l'emporte sur le matériel. Entrez dans l'histoire de Jorge et suivez-le au gré des embruns et des courants de cette mer dont il ne peut se défaire. Laissez-vous entraîner dans la tourmente de la vie de ce solitaire qui trouvera, enfin, au bout du compte, la délivrance.
Le printemps revient. L'aubépine fleurit. La chaleur du soleil balaie la place. L'enfant joue au pied de la stèle sous le regard de sa mère et de son père. Il lève de temps à autre la tête vers le graveur qui s'affaire patiemment. L'enfant ne sait pas encore lire. Quelle importance pour lui ? Les noms ne sont rien. Ils finiront par disparaître eux aussi. Ils finiront par ne plus rien signifier pour personne et l'on détruira la stèle pour faire passer une route à la place. L'enfant ne sait pas ce qui a été et ce qui sera. Cette pierre ne signifie rien pour lui mais la souffrance reste. La souffrance des combattants, celle des victimes, est éternelle.
Les oeuvres anonymes ont parfois plus d'importance que toutes les autres, même si nous les ignorons ou manquons de les célébrer. Une simple stèle aurait rendu hommage à tous ces bâtisseurs de l'après-guerre. Mais il n'y a rien pour eux. L'histoire a retenu le conflit, consigné minute par minute dans les registres militaires, elle a retenu les morts et les disparus, les a comptés, témoins de la fureur, mais sur la reconstruction, rien, ou presque. Peut-être une page, quelques lignes dans quelque journal oublié, mais pas beaucoup plus. Y a-t-il un seul livre sur ce sujet ? Dino ne sait pas. Il n'en a jamais vu. Une simple stèle... Une simple stèle aurait suffi, se dit-il parfois. Une pierre sur laquelle on aurait gravé le nom de tous ces maçons, car le nom des constructeurs vaut-il moins que celui des destructeurs ?